La semaine de Nîmes – 11/2005
Une vision poétique du Brésil, Stéphane Cerri
“C’est par une promenade par les rives que Lucia Guanaes propose un voyage au Brésil. Installée en France depuis 1977, la photographe expose ses clichés à Negpos à l’occasion de la première édition du rendez-vous Images et ville. Sur les plages, la photographe voit une ville différente, alanguie, baignée par une lumière de soleil couchant.
Malgré la couleur, l’artiste se rapproche finalement d’un courant humaniste à la Cartier-Bresson. Dans ses cadrages précis, un détail donne le sens à l’ensemble. L’artiste joue sur le cocasse, les apparitions humaines, les univers géométriques.
Mais Lucia Guanaes renouvelle ce langage. Chaque fois, les lignes de fuite soulignent quelque chose d’étrange. La poésie de Lucia s’insère dans un monde contemporain, où l’urbain se conjugue au singulier. Souvent les bâtiments sont inachevés, leurs façades lépreuses, les sens de circulation incompréhensibles et les volumes inhumains. Mais la proximité mélancolique de la mer, sa chaleur moite, change tout… La misère est moins pénible au soleil !
Un balayeur promène sa solitude devant un mur rempli d’oiseaux.Une silhouette s’étire sur une promenade en bord de mer. Elle ressemble à ces parasols qui passent l’hiver pliés. Dans une lumière crépusculaire, des hommes sont suspendus dans le vide des échafaudages. En vélo, un gamin pédale en milieu des conteneurs.
Parfois, les clichés prennent des allures surréalistes. Un homme tend sa canne à pêche au milieu d’un parking. Ailleurs, les savantes constructions de Lucia Guanaes parviennent à égarer le regard. Elle photographie un mur comme Artus-Bertrand un désert. Au raz du trottoir, un court de tennis en contrebas se colle au bitume comme dans un photomontage. Les deux images sont reliées entre elles par quelques palmiers. Un résumé du Brésil de Lucia Guanaes.”