Inventaire d’une poubelle

Lucia Guanaes & Marc Dumas

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Le projet

Inventaire d’une poubelle est un livre-jeu qui décrit avec des textes et des images le contenu de deux sacs poubelle appartenant à un individu inconnu, ramassés à un mois d’intervalle devant un immeuble parisien.

Il s’agit pour le lecteur d’imaginer ou décoder, au fur et à mesure de l’énumération des déchets, les habitudes et la personnalité du propriétaire de la poubelle, un certain Pierre L., mystérieux intellectuel parisien dont l’identité ne sera jamais dévoilée dans le livre.

Pour réaliser cet inventaire, nous avons utilisé des méthodes propres à l’investigation ethnologique ou à l’enquête policière, mais il y a eu un travail de transposition de la réalité qui fait basculer ce projet dans le domaine de la fiction.

Tout d’abord, les informations permettant de dévoiler l’identité réelle de Pierre L. (nom, adresse, âge…) bien comme certains déchets trop facilement identifiables (lettres manuscrites, par exemple) ont été escamotés ou remplacés par d’autres, avec des caractéristiques similaires. Ensuite, les déchets ont été organises selon un certain ordre, allant de la catégorie la plus “anonyme” à la plus “personnelle”, de manière à créer une sorte de crescendo narratif. La part de réalité et celle de l’imagination, du fantasme et de la projection du lecteur deviennent donc, au fur et à mesure, impossibles à démêler.

Nous avons, à l’époque du lancement du livre, demandé à un certain nombre d’amis de nous envoyer un portrait écrit de Pierre L. et nous avons reçu autant de portraits divergents qu’il y a eu de participants !

» feuilleter le livre

1 • Description générale

Poubelle bleue

• Sac de 110 litres en plastique bleu clair, ramassé le 18 mars 1989, aux alentours de minuit.
• Placé à l’intérieur d’une poubelle grise à couvercle orange, devant un immeuble ancien dans une petite rue du XVe arrondissement.
• C’est l’unique sac de grande taille dans le bac ; les autres locataires de l’immeuble utilisent des petits sacs en plastique, la plupart provenant d’un supermarché du quartier.
• Le sac est rempli à ras bord.
• Il n’est pas fermé.
• Une première “strate” de papiers, dont de nombreuses enveloppes adressées à Pierre L., suggère qu’une corbeille à papiers a été vidée juste avant l’évacuation du sac.

Poubelle noire

• Sac de 110 litres en plastique noir, recueilli le 16 avril 1989 vers une heure du matin, après une longue période d’attente (3 semaines).
• Ramassé à la même adresse, le sac se trouve, cette fois-ci, au fond du bac gris et orange.
• Il est également rempli à ras bord.
• Il n’est pas fermé et dévoile une première “strate” de papiers et d’enveloppes, permettant d’identifier aisément son propriétaire.
• Il contient visiblement une proportion de déchets alimentaires plus importante que dans le premier sac.
• Il est très malodorant, laissant supposer la présence de détritus en état de putréfaction avancé.

2 • Emballages et déchets alimentaires

Poubelle bleue

• Un pot de crème fraîche épaisse Bridélice – la gastronomie légère – pour ainsi dire plein ; prix : 7,90 F. À consommer avant le 26 mars.
• Des citrons verts coupés en quartiers (différents degrés de pourrissement).
• Deux citrons jaunes, dont l’un entier et moisi, et l’autre coupé en deux moitiés à peine utilisées.
• Deux radis.
• Une poire dans un état de putréfaction avancé.
• Trois noix.
• Quelques noyaux d’olives.
• Quelques gousses d’ail, épluchées et cuites.
• Des épluchures d’un fruit (poire ?).
• Des épluchures d’une orange.
• Des croûtes de fromage, d’un même fromage à la croûte épaisse.
• Des coquilles de deux œufs à la coque.
• Deux morceaux de lard.
• De la peau de salami.
• Des ficelles et des bardes provenant d’une viande rôtie.
• Les restes d’un poisson fumé, enveloppés dans un papier aluminium, l’ensemble nageant dans l’huile.
• Une barquette ronde et plate, en aluminium (tarte ? quiche lorraine ?), enrobée dans un papier portant l’inscription de la Charcuterie Nouail, 28 rue de Passy, Paris XVIe.
• Un papier d’emballage provenant de la Boucherie Delambre, 4 rue Delambre, Paris XIVe.
• Une barquette en carton avec des traces de moutarde (charcuterie ?).
• Un morceau d’emballage métallisé portant l’inscription Beurre d’Isigny-Sainte
• Une boite en carton de cacahouètes Bahlselz – grillées et salées ; sachet en plastique correspondant à l’emballage “sous vide”.
• Emballage en cellophane portant l’étiquette Délicatesse Cake – Ern specialiteit van Evenhuis b.v. Maartens dijk.
• 
Une barquette rectangulaire en plastique contenant des miettes d’un cake.
• Plusieurs morceaux de papier aluminium servant à emballer des aliments.
• Deux petits papiers métallisés, un rouge et un jaune, ayant servi à enrober des bonbons.
• Papier d’emballage, étiquette et ruban provenant du traiteur, pâtissier et chocolatier Coquelin Abbé, maison fondée en I990, fabrication artisanale, 1 place de Passy, Paris XVIe.
• Une bouteille en plastique d’huile d’arachide Lesieur, contenant encore un peu d’huile.
• Deux petits pots de confiture Switzenland’s Best, saveur fraise et abricot (petit-déjeuner servi dans un hôtel ? dans un avion ?), à moitié pleins.
• Plusieurs croûtes de pain.
• Deux petits sacs en papier kraft avec des dessins de fruits imprimés (épicerie ou primeur).
• Un sac en plastique portant l’inscription “J’aime le pain”.
• Un papier pour envelopper le pain.
• Cinq sacs en plastique blanc sans aucune inscription (supermarché ?).
• Un papier d’emballage de chewing gum Hollywood sans sucre.
• Une serviette de table blanche en papier.
• Un cure-dents.
• Un bouchon en plastique transparent percé de huit trous, provenant d’un flacon d’épices en poudre.
• Des cosses de pistache.

Poubelle noire

• Des citrons verts coupés en quartiers.
• Un pot de crème fraiche Bridélice, à moitié plein.
• Un papier d’emballage de chewing gum Hollywood menthol sans sucre.
• Un petit papier ayant servi à envelopper un bonbon Fresh-Yourt, saveur citron vert. Un sac en plastique Félix Potin.
• Emballage en plastique de surgelé : Pm’Frites Vico, pré-frites.
• Quelques croûtes de pain.
• Un pain rassis, pour ainsi dire entier.
• Deux boites de poires williams Saint-Manet au sirop.
• Une boîte de sardines dont le couvercle métallique a été enroulé à l’aide d’une clef : une boite en carton portant l’inscription Sardines sans arêtes AIbert Ménès, maison fondée en 1921.
• Une boîte de Hommos tahineh Al-Rabih, ouverte mais non consommée.
• Un emballage en plastique de saumon norvégien Deska, prix au kilo : 315,70 F (plusieurs déchets glissés à l’intérieur du sachet).
• Quelques endives.
• Treize œufs entiers, crus et visiblement frais.
• Un filet contenant trois oignons entiers avec des germes, un oignon épluché, coupé en deux, et quelques épluchures d’oignons.
• Des épluchures de légumes (navets ?) enfermés dans un sac en plastique.
• Les restes d’un lapin fortement moisis.
• Des sachets d’infusion Lipton – Saveurs du Soir ; composition : feuilles de fraisier, feuilles de cassis, arôme fraise, tilleul, baies de cassis, arôme vanille.
• Des serviettes de table bleu marine en papier, probablement utilisées pour nettoyer des assiettes ou des plats sales.
• Trois petites barquettes en carton provenant d’un traiteur ou d’un charcutier.
• Papier d’emballage et boîte en carton provenant de la charcuterie L. Besnier, 104 rue de Courcelles, Paris XVIIe ; à l’intérieur, un ticket de caisse montant à 125,80 F.
• Sept barquettes rondes en aluminium ayant contenu de la mousse ou de la crème au chocolat.
• Une barquette en plastique rectangulaire, assez profonde (fraises ?), contenant deux serviettes en papier.
• Papier d’emballage portant l’inscription Le Fournil de Pierre, froissé, avec des miettes de pain à l’intérieur.
• Papier aluminium contenant les restes d’un plat non identifiable, entièrement pourri, accompagné d’une sauce légèrement verte.
• Une barquette en carton (traiteur ?) contenant des restes de nourriture fortement moisis.
• Papier aluminium contenant des restes d’une viande fumée (bacon ?).
• Papier d’emballage d’une tablette de chocolat Suchard aux raisins et au Cointreau.
• Un sachet en cellophane : bonbons Heidelber à la myrtille.
• Deux étiquettes de fromage : Coulommiers et Saint-Mayeul.
• Un paquet de café moulu Carte Noire – un café nommé désir – portant l’inscription “Gagnez le cadeau de ses rêves et offrez-le-lui”.
• Papier d’emballage provenant du restaurant russe Chez Dominique, 19 rue Bréa, Paris VIe.
• Papier d’emballage portant l’inscription Foies gras Pierre Champion, 89 rue de Courcelles, Paris XVIIe.
• Un morceau de salami d’environ 5 cm de longueur et 10 cm de diamètre, enveloppé dans un papier aluminium.
• Emballage en carton de surgelé Findus : “Gratin soufflé d’épinards”.
• 
Deux sachets en cellophane de grissini friabili Fattonne & Pandea.
• Un ticket de caisse froissé, provenant de la Boucherie Delambre : 0,310 kg de viande à 190 F le kilo et 0,315 kg de viande à 45 F le kilo : total : 73,10 F.
• Un coupon “garantie de qualité” : chocolats Asbach-Uralt fourrés à l’eau de vie.

3 • Boissons

Poubelle bleue

• Six boites de bière CaIsberg.
• Cinq bouteilles de vin Buzet 1987.
• Deux bouteilles de vin Beaujolais Villages 1988.
• Une bouteille d’Irish whisky Bushmils.
• Une bouteille de rhum blanc Duquesne (Martinique).
• Une bouteille de Ricard, sans étiquette.
• Une bouteille d’eau minérale Vittel, 33 cl.
• Onze languettes de boîtes de bière.
• Plusieurs bouchons et collerettes de bouteilles de vin.
• Une facture provenant du magasin Nicolas : livraison à domicile de vingt bouteilles de Beaujolais Villages, six paquets de Calsberg, et une bouteille de rhum blanc Duquesne ; montant à payer : 714 F.

Poubelle noire

• Neuf boîtes de bière Calsberg.
• Six bouteilles de vin Beaujolais Villages.
• Une bouteille de champagne Perrier-Jouët.
• Une bouteille de vin effervescent à la pêche Carlton brut.
• Une bouteille de rhum Saint James.
• Une bouteille de vodka Stolichmaya.
• Des bouchons et des collerettes de champagne et de vin.
• Des languettes de boîtes de bière.
• Emballage en carton d’une bouteille de whisky The Dufftown Glenlivet, 10 ans d’âge ; prix : 44 Deutch Mark.

4 • Cigarettes

Poubelle bleue

• 62 mégots dont 37 sont roulés à la main ; quant aux autres, on répertorie :
– 4 Marlboro Light, dont l’une avec (tes marques de rouge à lèvres.
– 5 Peter Stuyvesant extra mild.
– 2 Marlboro.
– 1 Camel avec des marques de rouge à lèvres.
– 13 mégots de marque non identifiée.
• Trois paquets de cigarettes, dont un Rothmans King Size, un Marlboro et un Peter Stuyvesant extra mild ; les deux premiers sont intacts tandis que le dernier est froissé.
• Un paquet de tabac à rouler Gauloise.

Poubelle noire

• 83 mégots dans une proportion analogue à la poubelle bleue : une majorité de cigarettes roulées à la main et, pour les autres, diverses marques de cigarettes à filtre, légères pour la plupart.
• Un paquet de tabac à rouler Gauloise.
• Un emballage de papier à cigarettes Rizla +.

5 • Médicaments et produits de toilette

Poubelle bleue

• Sept bâtonnets pour les oreilles dont l’un avec des traces de maquillage ou médicament (teinture d’iode ?).
• Un emballage en carton de bâtonnets en coton hydrophile Remond.
• Un Tampax usagé.
• Un applicateur en plastique de Pharmatex (préservatif féminin).
• Le couvercle en carton d’une boite de mouchoir en papier Kleenex, “150 mouchoirs blancs encore plus doux”.
• 
Plusieurs mouchoirs en papier dont la plupart avec des traces de maquillage (fond de teint).
• Un petit sachet de shampooing portant l’insigne “H” ; exemplaire de démonstration pour un lavage (hôtel ? cadeau publicitaire ?).
• Un flacon en plastique de lait démaquillant hydratant Nivéa Visage, tous les types de peau.
• Deux plaquettes en carton faisant partie d’un emballage de lames de rasoir Gillette Silver Platine ; prix : 11,40 F.
• Une lame de rasoir.
• Une plaquette vide d’Utrogestan (hormone féminin)
• Un sachet en papier portant l’inscription : “La pharmacie, l’espace de santé irremplaçable”
• 
Un petit sachet de dissolvant à huile de vison Biovisol, portant l’inscription : “Dissolvant extra-doux, discrètement parfumé, pour démaquiller vos ongles instantanément”.

Poubelle noire

• Un rouleau en carton de papier hygiénique
• Deux applicateurs de Pharmatex
• 
Un sac en plastique portant l’inscription : “Ne laissez pas Ne laissez pas les médicaments à la portée des enfants !”.
• Trois savonnettes rectangulaires, en fin d’utilisation : une verte, une jaune et une blanche.
• Le couvercle d’une boîte ronde en plastique : emballage de savonnette Roger Gallet ; bande de papier et papier en soie correspondants.
• Plusieurs morceaux de coton usagés avec des traces de maquillage (fond de teint) et des cheveux gris d’environ 1 cm de longueur (coupe de cheveux ?).
• Un tube de dentifrice Fluocaril 250, complètement vide, enroulé.
• Emballage et notice explicative de dentifrice Fluocaril 250.
• Un flacon de shampooing doux traitant Nivéa, “prend soin de vos cheveux jour après jour”.
• Une boîte en carton de Spagulax (Mucilage 220g) : “rééducation de l’intestin, atonie intestinale, constipation, colites et signoïdites”.
• Deux sachets de Smecta (médicament pour l’intestin).
• Deux boîtes d’après rasage Aqua Velva ; prix : 22 F l’unité.
• Une boîte en carton de mouchoirs en papier Kleenex, froissée.
• Un tapis de salle de bains, très sale (beaucoup de poussière, de cheveux et des marques de chaussures), mais relativement neuf.

6 • Cheveux

Poubelle bleue

• Une grande quantité de cheveux roux, épais, légèrement ondulés, mi longs (12 à 15 cm).
• Une quantité raisonnable de cheveux grisonnants ou blancs, épais, lisses et courts (3 à 5 cm).
• Quelques cheveux bruns, très fins, bouclés et longs (20 cm).
• Quelques cheveux noirs, épais, très bouclés et mi longs (15 cm).
• Quelques cheveux blonds très clair, fins, lisses et mi longs (12 cm).
• Quelques cheveux châtain clair, très fins, bouclés et mi longs (12 cm).

Poubelle noire

• Mêmes types de cheveux, même proportion que dans la première poubelle.
• En plus, quelques cheveux noirs, lisses, épais et très longs (40 cm).

7 • Vêtements

Poubelle bleue

• Une paire de chaussures blanches d’été, très usagée (les semelles intérieures sont décollées), taille 39 ou 40, semelles en caoutchouc, marque illisible.
• Huit boutons, dont deux blancs provenant probablement d’une chemise, cinq gris de deux tailles différentes (veste ? manteau ?) et un grand bouton transparent très vieux. Une aiguille avec un fil blanc.

Poubelle noire

• Cellophane et emballage en carton d’un collant Wolford, taille 2, black ; prix : 145 F.
• Feuille en carton et rubans d’emballage d’une chemise Impec, “toujours prête et en plus impeccable” : le carton présente un dessin assez simplifié d’un nœud-papillon bleu et blanc.
• Six cravates usagées, dont trois “sport” et trois “classiques” :
– une en laine rouge, assez abimée ; marque : Giorgio Armani ;
– une rose, 80 % polyester, 20 % laine, dont le tissu lustré suggère un long usage ;
– une à rayures horizontales blanches et grises, 100 % coton, au bout carré et provenant du Portugal ;
– une tissée avec des fils brillants rouge, vert et noir, pratiquement neuve ;
– une en soie, tissée bleu et noir, marque Count Barini, en bon état ;
– une vert-émeraude tissée, avec des petites voitures anciennes brodées, pratiquement neuve.

8 • Objets de bureau

Poubelle bleue

•  Dix trombones de différentes formes : un rond en métal, deux triangulaires en plastique, sept “classiques”, dont quatre en métal et trois en plastique noir.
•  Sept punaises du même modèle.
•  Six pinces pour sous-verre, dont deux petites, trois moyennes et une grande.
•  Une clef pour sous-verre.
•  Quatre stylos à bille en état de marche.
•  Deux feutres noirs en état de marche, dont un d’origine italienne.
•  Un crayon neuf, jamais taillé, portant l’inscription : “Gilles Mahe – 360 images symboliques avec Édouard Léo, astrologue – sept.-oct. 1988, Galerie Samy Kinge, Paris”. Trois crayons neufs : un italien, un allemand (marque courante en France) et un tchèque.
•  Deux plumes épaisses pour calligraphie Osmiroïd n° 4 et n° 2.
•  Un capuchon et deux recharges de stylo à bille.
•  Un carnet de timbres, vide.
•  Un tube de colle universelle Scotch, pour ainsi dire plein mais inutilisable (le bouchon est collé au tube).
•  Un petit sac en plastique portant la mention Points-Seuil.
•  Une pochette en cellophane format carte postale.
•  Une petite boite en cartoline noire, provenance non identifiée (papeterie ? parfumerie ?)

Poubelle noire

•  Un rouleau de scotch vide avec un escargot en plastique translucide vert.
•  Un sac en papier portant l’inscription Folio.
•  Un sac en plastique avec la mention P.U.F.
•  Un carnet de timbres, vide.
•  Une cartoline d’emballage pour 50 enveloppes autocollantes Glatigny.

9 • Objets divers

Poubelle bleue

•  Une petite bougie blanche, jamais utilisée.
•  Un ticket de métro acheté à la station Dupleix, poinçonné deux fois dans un autobus.
•  Quelques fleurs séchées.
•  Deux bouts de ficelle.
•  Une petite fleur jaune en tissu, attachée à un ruban (emballage cadeau ?).
•  Deux vis et deux rondelles.
•  Un écrou et un boulon.
•  Une clef Allen.
•  Un anneau de rideau en bois.
•  Un morceau de tissu blanc, rond, de 3 cm de diamètre, avec une tache noire au centre (cirage pour chaussures ?).
•  Un petit bouchon en plastique blanc.
•  Deux anneaux métalliques reliés par une bande en cuir (attache d’un sac ? d’une ceinture ?)
•  Plusieurs pièces de monnaie de petite valeur : 6,75 francs français en pièces de 20, 10 et 5 centimes, et 33 schillings (deux pièces de 10, deux pièces de 20 et trois pièces d’1 schilling).
•  Un sac en plastique Monoprix.
•  Une petite étiquette dorée portant l’inscription H. Pavone – Calle Lumba – Campo St. Maria Formosa Castello 6133 Venezia.
•  Une fourchette en corne déformée par la chaleur.
•  Un jouet en plastique blanc représentant un petit matelot d’environ 8 cm de hauteur.
•  Trois allumettes brûlées.
•  Trois petits sachets blancs, en papier, d’environ 3 cm de largeur par 5 cm de hauteur, sans aucune inscription.

Poubelle noire

•  L’emballage d’un Véritable savon de Marseille.
•  Une lampe grillée.
•  L’emballage d’une lampe Claude Krypton, 100 W.
•  L’emballage de 10 sacs poubelle Topsac, 110 litres (700 × 1100) avec liens.
•  Une grande feuille de cellophane ayant servi à envelopper des fleurs (restes de feuilles à l’intérieur).
•  Les restes d’un bouquet de fleurs orange.
•  Un morceau de moquette couleur saumon.
•  Un étui de parapluie, gris.
•  Un fil rouge provenant d’un tissu épais (rideau ? tapis ? tapisserie ?).
•  Une pochette de papier à nettoyer des lunettes Opticil, pleine.
•  Deux feuilles de papier cadeau : l’une dorée à poids rouges, l’autre violet clair avec des fleurs blanches.
•  Deux boîtes d’allumettes publicitaires : l’une provenant du restaurant Chez Dominique, l’autre du salon de thé Orève.
•  Un sac en plastique du drugstore Publicis.

10 • Enveloppes

Poubelle bleue

• 102 enveloppes, toutes adressées à Pierre L. ; 38 sont à considérer à part : il s’agit de rappels du Trésor public, assez anciens (1984 à 1986), pour non paiement de contraventions.
• Ces enveloppes ont été envoyées à une autre adresse que l’actuelle (ancien domicile ?) et n’ont pas été décachetées (voir chapitre “Papiers administratifs”).
• Quant aux autres :
– 56 sont petites et 8 grandes (22 x 30 cm).
– 31 sont manuscrites, 19 dactylographiées et 14 présentent une fenêtre transparente (courrier administratif).
– 35 ont été postées à Paris, 8 en banlieue, 4 en province et 14 à l’étranger (Argentine, USA, Belgique, RFA, Norvège et Angleterre) ; 3 ne comportent ni timbre ni cachet de la poste.
• Les enveloppes postées en France couvrent une période de 10 jours (“durée de vie” probable de la poubelle).
– Sur les 64 enveloppes, 28 portent la mention “Monsieur” et 2 la mention “Docteur”. 3 indiquent l’adresse d’une maison d’édition et ont été réexpédiées chez le destinataire.
– 12 n’ont pas de signature de l’expéditeur.
• Quant aux autres, sont identifiables : La Poste, France-Télécom, différents musées et galeries d’art en France et à l’étranger, l’Association française des auteurs et compositeurs dramatiques, un magazine scientifique, deux universités françaises, une université belge, deux universités américaines, l’Institut national de l’audiovisuel, Renault, une maison de production de films allemande et plusieurs maisons d’édition françaises.
• Sur les 64 enveloppes, 5 sont déchirées en plusieurs morceaux ; 4 présentent l’écriture de lettres trouvées dans la poubelle : 3 portent l’écriture de F. et 1 l’écriture de Martine (voir chapitre “Correspondance personnelle”).
• Aucune enveloppe n’est froissée.

Poubelle noire

• 54 enveloppes, toutes adressées à Pierre L.
• Celles postées en France couvrent une période de 20 jours, durée visiblement plus longue que celle de la poubelle. La raison pourrait être un voyage (courrier en retard à ouvrir), comme l’indiquent certaines lettres trouvées dans la même poubelle (voir chapitre “Correspondance personnelle”).
• 48 enveloppes sont petites et 8 sont grandes (dont une cartonnée ayant contenu des livres).
• 21 sont manuscrites, 19 dactylographiées et 11 présent une fenêtre transparente ; 3 ne contiennent aucune inscription.
• 29 ont été postées à Paris, 2 en banlieue, 3 en province et 14 à l’étranger (Japon, USA, Angleterre, Italie, Espagne, Canada, RFA, Suisse et Guadeloupe) ; 6 n’affichent ni timbre ni cachet de la poste.
• Sur les 54 enveloppes, 16 portent la mention “Monsieur”, 2 la mention “Professeur” et une la mention “M. & Mme Pierre L.”.
• Une enveloppe indique l’adresse d’une maison d’édition et a été réexpédiée chez le destinataire ; une autre indique un mauvais numéro de la rue et porte la mention “n’habite pas à l’adresse indiquée”.
• 15 enveloppes n’ont pas de signature de l’expéditeur. Quant aux autres, sont identifiables : l’Association française des auteurs et compositeurs dramatiques, France-Télécom, La Poste, différents musées, galeries d’art et centres culturels en France et à l’étranger, un théâtre, un magasin de prêt-à-porter masculin, la Vidéothèque de Paris, une enveloppe publicitaire portant l’inscription : “Découvrez vite à l’intérieur votre invitation de dégustation”, un magazine scientifique, une revue littéraire, un quotidien américain, une université américaine, une maison d’édition allemande, une université canadienne.
• Sur 54 enveloppes, 13 sont déchirées : 9 enveloppes administratives sont déchirées en deux ; les 5 autres sont déchirées en plusieurs petits morceaux : une grande enveloppe publicitaire provenant du Japon, 2 présentant l’écriture de F. et une en blanc.
4 enveloppes sont froissées : une en blanc, une portant le nom du destinataire sans adresse ni cachet de la poste, et 2 correspondant à l’écriture de Corinne (voir chapitre “Correspondance personnelle”).

11 • Imprimés divers

Poubelle bleue

• Cinq exemplaires de la même publicité (PLV) pour le gel buccal Daktarin 2 %.
• 
Un prospectus publicitaire de La Poste (plan d’épargne logement).
• Un prospectus publicitaire de la BNP.
• Un prospectus publicitaire de Gaz de France.
• Une brochure Benetton présentant des modèles de vêtements.
• Un tract présentant le programme musical d’un night club (plié en deux).
• Deux exemplaires d’un même prospectus présentant les Cahiers de l’imaginaire.
• Les programmes de la Vidéothèque de Paris, de l’Institut culturel italien, du Collège international de philosophie, du Cercle de Beaux-arts de Madrid et de l’Institut humanidadsde Barcelone.
• 13 cartes d’invitation à des vernissages : 10 pour des expositions d’artistes, une pour le lancement d’un livre, une pour un festival de théâtre et une pour une exposition de design ; quatre cartes sont déchirées en deux morceaux, une est pliée en deux.
• Un “avis d’écoute” pour une émission de France Culture.
• Programme et invitation à assister à un séminaire en province.
• Le Guide de Cuisine de février 1989 sur “Les soufflés salés pour diners légers”.
• Deux cartes postales publicitaires déchirées en plusieurs morceaux : le salon de coiffure Jacques Dessange et le salon de thé Orève dans le XVe arrondissement.
• Un dossier polycopié : “L’École et la Culture”.
• Un tract polycopié : “Lettre ouverte des professeurs universitaires au ministre de l’Éducation nationale et ministre de l’Intérieur dénonçant “les conditions d’accueil inadmissibles faites par l’administration à nos collègues et étudiants étrangers”.
• Un dossier polycopié sur E.M. Cioran : plusieurs articles le concernant ou écrits par lui, suivis d’une bibliographie.
• Un tract provenant d’un atelier de recherches sur l’urbanisme (froissé).
• Un bandeau ayant servi à envelopper un livre d’Alain Bosquet.

Poubelle noire

• Un bulletin d’abonnement de la revue Art Studio, déchiré en plusieurs morceaux.
• Un communiqué de presse des éditions Autrement sur le livre “Australie Noire”.
• Les programmes de la Vidéothèque de Paris, de l’Institut culturel italien, d’un festival de théâtre et d’un séminaire universitaire à Paris.
• Un prospectus publicitaire sur “La nuit des publivores”, déchiré en plusieurs morceaux.
• Six cartes d’invitation à des vernissages, dont deux déchirées en plusieurs morceaux. Une invitation à la projection d’un film à la Vidéothèque de Paris.
• Un tract (froissé) annonçant la parution du n° 7 de la revue ETC.
• Une publicité personnalisée de la Comtesse du Barry avec invitation pour dégustation valable pour deux personnes.
• Un exemplaire du journal Rencontres (FNAC) déchiré en plusieurs morceaux.
• Un exemplaire de Corner House de février 89 (guide spectacles, Manchester).
• Un exemplaire de La Nouvelle École n° 45.
• Une carte de visite du restaurant japonais Suntory, 13 rue Lincoln, Paris VIIIe.
• Une carte publicitaire manuscrite provenant d’un magasin de vêtements en cuir.
• Le catalogue d’une exposition de bandes dessinées.
• Une plaquette sur le Festival francophone du premier roman étudiant.
• Une longue bande imprimée, roulée comme un parchemin : prévision astrale et biocycle du signe du Lion pour mars 1989.
• Une carte publicitaire déchirée en deux : SOS Dépannage : “plomberie, électricité, chauffage, serrurerie, télé-ménager”.
• Une carte postale représentant une peinture américaine contemporaine, déchirée en quatre morceaux.
• Quatre cartes de visite déchirées : deux adresses à Munich, une à Milan et une à Berlin.

12 • Papiers administratifs

Poubelle bleue

• Six relevés bancaires de La Poste couvrant une période de 11 jours. À son crédit un virement de 16 000 F (salaire ?), un virement de 3 000 F (institution française à l’étranger) et un chèque de 5 000 F (revue littéraire) ; 3 chèques représentant une somme globale de 1 431 F et un prélèvement de 3 000 F (Impôts) ont été débités de son compte. Solde actuel : 620 000 F.
• Un polycopié provenant d’une université parisienne : “Pour l’établissement du dossier d’évaluation, veuillez retourner au Service de gestion et de la recherche, le tableau ci-après”. Informations demandées : nom, grade, discipline, laboratoire de rattachement et nombre d’articles et livres publiés dans chaque secteur (sciences de la vie, sciences exactes, lettres et sciences humaines, droit et sciences économiques). Le formulaire n’est pas rempli.
• Un avis de paiement de 1 500 F correspondant à la publication d’un article dans une revue littéraire italienne.
• Un bulletin de salaire d’un montant de 5 000 F, émis par un organe de presse.
• Un avis d’échéances du Trésor Public : prélèvements automatiques effectués en 1987 sur son compte bancaire ; total : 28 000 F.
• 59 avertissements du Trésor Public pour non-paiement de contraventions, entre mars 1984 et mars 1989. 32 avertissements ont été envoyés à une ancienne (?) adresse et 27 à l’adresse actuelle. 38 enveloppes n’étaient pas décachetées. 32 infractions sont dues à des stationnements interdits (en double-file, sur le trottoir, couloir de bus, arrêt de bus, passage pour piétons, arrêt de taxis, ou simplement “gênant”) et 27 à la “non affichage du ticket horodateur” ou au “dépassement de stationnement payant limité en durée”.
Les avertissements sont tous adressés à Pierre L. et concernent une même voiture, une B.M.W. grise. La somme due au Trésor Public monte à 17 260 F.
• Une contravention due à la “circulation d’un véhicule particulier en sens interdit sur une distance de 100 mètres environ” ; l’infracteur devra faire objet d’une procédure devant le Tribunal de Police.
• Un avis de contravention au Code de la route pour “non respect de la limitation de vitesse sur la voie Georges Pompidou”.
• Une contravention de 900 F, dûment remplie et comportant le tampon de la préfecture de Police ; on apprend que Pierre L. est né en 1934 dans une ville de province et qu’il est professeur.
• Neuf “Derniers avis avant poursuites” pour non paiement de contraventions, adressées à son ancien domicile, entre juin 1984 et avril 1985.
• Cinq commandements signés par un huissier de justice, pour non-paiement de contraventions, envoyés à son ancienne adresse ; trois commandements “n’ont pas pu être remis ce jour à votre domicile et seront déposés à la mairie le jour même” ; les deux autres ont été remis à la concierge de l’immeuble (signature).
• Une lettre de l’huissier prévenant Pierre L. qu’il se présentera à son domicile le… février 1987 entre 8h30 et 13 heures : “Veuillez vous y trouver afin d’éviter l’ouverture forcée des portes (les éventuels dommages seraient à votre charge). À défaut, la saisie sera exécutée en présence de monsieur le commissaire de Police et d’un serrurier requis pour l’ouverture de votre porte…
• Un procès verbal de juin 1986 réalisé par un huissier de justice (un autre) : “… cet acte n’a pu vous être remis, car vous ne demeurez pas à l’adresse indiquée sur celui-ci et que par ailleurs vous n’avez ni résidence ni lieu de travail connus. Il m’a été déclaré par la concierge de l’immeuble que vous avez déménagé sans laisser d’adresse depuis deux mois. Vérification a été faite sur la liste électorale et auprès des services postaux qui ont opposé le secret professionnel.
• Une mise en demeure signée par un troisième huissier, envoyée à son ancien domicile : “… si un chèque n’est pas remis à mon étude dans un délai de 48 heures, je me présenterai chez vous accompagné de monsieur le commissaire de Police et d’un serrurier…”
• 
Un relevé de droits d’auteur signé par le directeur d’une maison d’édition : “ce relevé présente un solde en votre faveur de 15 650 F en règlement duquel vous trouverez ci-joint un chèque barré à votre ordre.”

Poubelle noire

• Une facture provenant d’un bureau de change : achat de 880 francs suisses.
• Un billet d’avion de la Lufthansa, déchiré en deux : Paris-Munich aller/retour avec escale à Frankfort.
• Un bordereau d’envoi d’un chèque provenant de l’État suisse : montant non indiqué. Cinq relevés bancaires de La Poste couvrant une période de 15 jours : un virement de 16 000 F en sa faveur ; un prélèvement de 3 000 F (Impôts) et 7 chèques représentant un montant global de 2 737 F débités de son compte ; nouveau solde : 628 000 F.
• Un avis de passage d’une entreprise s’occupant de la livraison de documents en provenance de l’étranger.
• La souche d’un chéquier de La Poste sans aucune indication des montants des chèques.

13 • Notes manuscrites

Deux écritures distinctes ont été répertoriées : la première, nettement prédominante (celle de Pierre L. sans doute), est élégante, rapide, légère et un peu maniérée ; elle présente quelques anachronismes, comme les “d” renversés. La deuxième écriture est grande, ronde, “féminine”, avec des “a” en boucle. Une des notes portant cette écriture est signée “Zézette”.

Poubelle bleue

• Une feuille couverte de chiffres des deux côtés : des opérations, surtout des additions, au stylo plume bleu dans une écriture non identifiée (Zézette ?).
• Une feuille présentant deux longues colonnes de chiffres et la mention “hors taxe”, et “TTC” en haut de chaque colonne ; au verso, un calcul d’Impôts sur le Revenu (R/N = 45 000 F/1 = 45 000 F) et la notation d’une adresse avec l’indication “changement de domicile” (écriture de Zézette).
• Deux feuilles déchirées en six morceaux, écrites hâtivement au stylo bille noir : beaucoup d’abréviations, tirets et majuscules. Il s’agit d’une énumération d’idées assez théoriques, sans liaison évidente entre elles ; chaque groupe d’idées est séparé par un long trait horizontal ; certains mots sont soulignés, d’autres entourés ; emploi abondant de noms abstraits (écriture de Pierre L.).
• Deux feuilles de papier quadrillé, froissées : sur la première le dessin du parcours pour accéder à un village situé sur la Côte d’Azur et sur la deuxième, un plan de la plage avec l’emplacement de la maison ; quelques flèches et tracés superflus indiquent que la personne a donné des explications en même temps qu’elle dessinait le plan (écriture de Zézette).
• Sept feuilles petit format avec deux trous sur la partie supérieure (cahier de notes placé à côté du téléphone ?) :
– trois feuilles remplies de noms et numéros de téléphone, rayés au fur et à mesure que les appels étaient effectués (différentes couleurs de stylo) ; une des feuilles est déchirée en deux (écriture de Pierre L.).
– une feuille : essais de mise en route de deux stylos, un bleu et un noir
– une feuille : “Joëlle, nous sommes chez Natacha” (il s’agit, sans doute, du restaurant “Chez Natacha”, rue Campagne Première) ; écriture de Pierre L.
– une feuille : différents essais de signature (simple, avec fioriture, nom complet ou initiales, souligné d’un trait courbe…) ; nom féminin, écriture maladroite et enfantine. Au dos, la multiplication 35 000 F × 12 = 420 000 F (salaire annuel ?), effectuée par Pierre L.
– une feuille : “Poivre, sels bain (rayé), citron, sirops, sucre (rayé), huile (rayé), Q-tips (rayé), Nescafé” (écriture Pierre L.).
• Une feuille dactylographiée en allemand, déchirée en plusieurs petits morceaux : au dos deux notes manuscrites par Pierre L., qui contrairement aux autres textes trouvés, semblent assez personnelles. La première parle d’une femme en des termes peu flatteurs (“la prétention de…, la bêtise de…, aussi insignifiante que…) ; son nom est celui d’un personnage de Shakespeare (femme réelle avec un nom de code ou simple abstraction ?). Le deuxième texte décrit une femme non nommée : la fascination pour ses longs cheveux qui cachent tout le temps son visage.

Poubelle noire

• Trois feuilles présentant le logotype d’un congrès littéraire, déchirées en plusieurs morceaux : au verso, trois textes écrits par Pierre L, avec trois stylos différents : le premier est grammaticalement assez construit, tandis que les deux autres sont des notations d’idées organisées en topiques (1.2.3…) sans emploi de verbe ; quelques flèches déplacent des groupes d’idées à un autre endroit du texte : une des feuilles présente la trace d’une brûlure de cigarette.
• Trois bandes de papier de hauteur irrégulière (découpées avec des ciseaux), déchirées en plusieurs morceaux et jaunies par le temps, extraites probablement d’un texte plus long (écriture de Pierre L. au stylo plume bleu).
• Plusieurs morceaux de feuilles avec des lignes roses imprimées (cahier d’écolier ?) ; reconstitution impossible (écriture de Pierre L. au stylo plume bleu).
• Sept feuilles petit format avec deux trous (cahier téléphone ?) :
– quatre feuilles remplies de noms et numéros de téléphone, la plupart rayés : l’une porte la notation : “sucre, beurre, huile, bière, rhum, vin, sacs poubelle, grissini friabili” ; aucun produit n’est rayé (écriture de Pierre L.).
– deux feuilles : notation de deux adresses par Pierre L.
– une feuille : “Mercredi on va se balader s’il fait beau. Ne pas prendre de R. V., surtout l’après-midi. Une journée sympa.”, signé Zézette.
• Une petite feuille jaune (“Post-it”) avec la notation d’un numéro de fax à l’étranger. (écriture de Pierre L.).

14 • Correspondance professionnelle

Poubelle bleue

• Une lettre signée par le comité de rédaction d’une revue à contenu théorique : “Cher ami, l’effort entrepris pour sauver… commence a porter ses fruits. À l’heure actuelle chaque numéro est diffusé à 5 000 exemplaires et les propositions de dossiers affluent, ce qui prouve la vitalité de la revue. Le nombre d’abonnés, en augmentation sensible, est pour l’instant à 800 mais il nous faudrait arriver à 1 200 pour assurer notre existence auprès de l’éditeur. Voyez s’il n’est pas possible de susciter auprès de vous des abonnements. N’oubliez pas en particulier de prospecter les diverses bibliothèques que tous pouvez connaître. Nous vous tiendrons au courant des résultats.
• Une lettre manuscrite : “Pierre, j’aimerais que tu lises ce texte de…, présenté pour la commémoration du bicentenaire de la Révolution Française, texte peu orthodoxe mais qui sait lire doit s’aventurer au moins dans un de ces projets. Bien à toi, Jacques.”
• Un courrier provenant d’une université espagnole : une lettre invitant Pierre L. à participer à un séminaire, et un dossier présentant l’avant-programme.
• Une lettre provenant d’une université allemande et portant la mention “Monsieur le professeur Dr” : “Je serai à Paris du 10 au 15 mars à l’hôtel… et j’aimerais vous rencontrer à l’occasion.
• Une lettre manuscrite dans une écriture illisible : “je vous ai adressé l’autre jour un document (…) ma soutenance d’habilitation, qui résume un peu ces (…) qui m’ont inspiré et (…) je travaille actuellement. J’espère pouvoir un jour en parler avec vous, car je (…) vos textes, qui me (…) et avec lesquels je dialogue par écrit. Je vous téléphonerai lors d’un prochain passage à Paris pour convenir peut-être d’un rendez-vous. Avec mes pensées cordiales, (signature illisible).”
• Une petite carte manuscrite : “Monsieur, voici enfin la traduction de votre texte – excusez-moi pour ce petit retard. J’espère qu’elle vous conviendra mais téléphonez-moi si vous avez des objections. Veuillez croire à mes sentiments les plus distingués, Anna G.” Une carte postale représentant une peinture d’Yves Klein : “Votre livre me plaît. Merci de me l’avoir offert. J’aurai beaucoup de plaisir à publier un texte de vous mais il faudra trouver une belle image. Françoise M.”
• Une lettre dactylographiée, déchirée en plusieurs morceaux : “Quelques lignes pour te prévenir que je porte ma candidature à la Villa Médicis cette année, et pour te demander ton appui (par exemple, si d’aventure tu connaissais quelqu’un dans le jury…). À cette fin je te communique la liste des membres du jury et te joins un abrégé du projet que j’aimerais bien mener dans cette noble institution. J’espère que tu te portes bien et que nous pourrons nous rencontrer prochainement”. Mention manuscrite : “Je t’embrasse bien fort, Miriam S.

Poubelle noire

• Une lettre écrite sur deux petites feuilles de papier quadrillé : “Je n’avais pas pris de vacances depuis 3 ans et je profite de cette occasion pour te dire bonjour. Je n’ai pas fini mon livre sur (…) mais ça avance. Je n’ai pas osé te téléphoner depuis longtemps mais, comment dire, j’y songe. Je relis avec jubilation ton livre : … (suivent des éloges et commentaires variés). Je ne m’aventure pas plus loin aujourd’hui. Très sincèrement, Michel C.
• Une lettre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques : “Je vous prie de trouver ci-joint un exemplaire du contrat particulier de représentations de l’ouvrage intitulé…” etc.
• La photocopie de l’interview d’un écrivain, publié dans un hebdomadaire ; sur la marge, manuscrit : “J’aimerais vous interviewer aussi, qu’en pensez-vous ?” Isabelle A.
Une lettre provenant d’une revue d’art italienne, écrite dans un français approximatif et invitant Pierre L. à écrire un article de 3 à 5 feuillets : “Comme je vous préveni par téléphone, nous vous payerons 2 500 F pour ce text. La seule chose est que nous en aurions besoin assez tôt, le plus tôt possible.”

15 • Textes dactylographiés

Poubelle bleue

• Un nombre indéterminable (reconstitution impossible) de feuilles dactylographiées, déchirées en quatre morceaux chacune. L’emploi de différentes machines à écrire et les divers degrés de jaunissement du papier indiquent qu’il s’agit de plusieurs textes décalés dans le temps ; présence de nombreuses corrections, coupures et notes sur les marges écrites par Pierre L.).
• 31 pages reliées, correspondant à un des chapitres d’un livre écrit par Pierre L ; pour ainsi dire pas de différence entre le manuscrit et le texte publié ; dans le manuscrit, peu de corrections, tout au plus quelques phrases rayées.
• Texte de quatre pages semblant proposer un sujet de thèse universitaire : tout en haut de la première page, écrits par Pierre L., le nom et l’adresse d’une femme (auteur du texte ?).
• 21 pages reliées, faisant partie d’une thèse universitaire ; certains passages sont soulignés au feutre rouge et renvoient à des commentaires sur les marges, écrits par Pierre L. (directeur de la thèse ?) ; ces commentaires sont plutôt des extrapolations que des suggestions réelles de transformation ou de développement du texte : Pierre L. est cité deux fois dans les nombreuses notes en bas de page.
• Un article de quatre pages signé par un chercheur du C.N.R.S. : sur les marges de la première page, d’innombrables empreintes en creux indiquent que quelqu’un a essayé sans résultat de faire marcher un stylo à bille.

Poubelle noire

• 18 pages reliées, présentant quelques corrections, coupures et notes sur les marges : le texte correspond à un autre chapitre du livre déjà cité. Une feuille froissée, dont le texte a été rayé par un long trait diagonal.
• Une demi-feuille coupée avec des ciseaux et froissée, extraite probablement d’un texte plus long.

16 • Correspondance personnelle

Poubelle bleue

• Une carte postale représentant un paysage de bord de mer, postée à Miami : “Une petite pensée pour toi depuis cette Floride que je n’avais plus revue. C’est quand même beau comme une carte postale. Affectueusement, Evelyne R.”
• Une lettre froissée : “Déjà reparti / Pour où cette fois, Tokyo, Buenos Aires, New York ou simplement Marseille ?… Toi qui sais si bien définir ma féminité, pourras-tu m’expliquer pourquoi certains aiment tant partir, alors que d’autres, qui essaient de les imiter, savent en partant qu’ils auraient dû rester ? S’il te plait, écris-moi cela. Je n’ai que dire à ton répondeur. Je t’embrasse, Martine.”
• Un aérogramme posté à Boston, froissé : “J’essaie de te soigner, c’est-à-dire, de te trouver une chambre “pas trop moche”. Il y a un hôtel bien situé, avec des chambres style Ibis : correct, petite terrasse, kitchenette et télé pour 62 dollars la nuit ; il y a aussi les mêmes chambres en plus grand pour 72 dollars. C’est ce que je prendrais si j’états toi, il me semble que pour trois semaines il vaut quand même mieux être bien. Dis-moi ce que tu en penses. En hâte et affectueusement, Muriel.”
• Une carte d’invitation pour une exposition de peintures à Berlin : “Je reviens juste de New York. Je pense à toi. Marie-Jeanne.” (prénom de l’artiste)
• Trois lettres manuscrites dans une écriture ronde, rapide, signées par l’initiale “F” et sans mention du nom du destinataire (désir de discrétion ?) ; elles sont toutes déchirées en plusieurs morceaux ainsi que les trois enveloppes portant la même écriture :
– deux petites feuilles jaunes (“Post-it”) numérotées : “Je n’ai malheureusement pas les médicaments sur moi mais je passerai te les déposer demain, avec leur mode d’emploi… Impossible de trouver ma tête de 40 ans, j’envisage donc de continuer sans tête… après tout on doit pouvoir s’en passer… Je pense infiniment à toi, appelle-moi vite !”
– une feuille écrite à la hâte, en diagonale, d’abord avec un feutre rouge, puis avec un stylo à bille noir : “Tu ne peux pas aller mal, d’abord parce que c’est moi de toute éternité la plaignante, et puis parce que ce dont je me plains c’est justement de n’être pas comme toi, géniale, forte et libre… Quand reviens-tu ? Emmène-moi deux jours en semaine au bord de la mer, dans ta belle auto…”
– une carte postale représentant la statue d’un ange : “Quand je pense que c’est comme ça que je te vois, que le t’entends, que je te sens, que je te lis… ça me fait frémir d’aise. J’ai trouvé un nouveau jeu, on va bien s’amuser ! A tout de suite !

Poubelle noire

• Trois lettres signées “F”, déchirées en plusieurs petits morceaux ; les enveloppes correspondantes sont aussi déchirées :
– une carte postale représentant un paysage au bord de la mer : “Si la pure présence est insupportable, la pure absence peut être fatale… Tu me manques. Tu me manques énormément, tu me manques amoureusement, érotiquement, tendrement, infiniment ! Je voudrais n’avoir plus que cinq minutes à vivre parce que tu n’aurais pas le cœur de m’abandonner… Et qu’est-ce qui te dit que ce n’est pas le cas ? Un jour ce sera vrai et tu ne seras pas là… Etreinte passionnelle.”
– une lettre sur papier Ingres crème : “Ça ne va pas du tout. Je n’ai pas intégré que tu partais aussi longtemps et pas prévu que j’aurais tellement besoin de toi… Et d’abord où es-tu ? Demain c’est la pleine lune, tu ne seras pas là ; après tu vas revenir et moi, je serais partie. Tout ça est ridicule. Et toi qui ne m’appelles ni m’écris… Est-ce que tu crois que tu comptes pour du beurre ?
– une carte postale du jardin des Tuileries: “Soit tu as cessé de penser que j’existais, soit tu as eu un accident (qui me préviendrait ?), soit tu as décidé de disparaître, et je me demande comment je vais survivre sans toi. Je sais que tu détestes ce genre de réaction mais je tiens beaucoup à toi et ce silence me pèse infiniment. Fais un effort.
• Une lettre manuscrite dans une écriture renversée, assez étrange : “J’espère que nous pourrons nous voir au printemps 89. Je pense à toi. La solitude est quelquefois pénible à vivre. Les agrégats discursifs et la critique intellectuelle apportent peut-être un approfondissement humain mais laissent un esprit dépourvu de signes de tendresse… Je t’embrasse, Agnès.”
• Une feuille de classeur, quadrillée, déchirée en plusieurs petits morceaux et présentant une écriture désordonnée: “Alors tu ne veux pas “faire irruption dans ma vie” mais que veux-tu faire d’autre ? Devenir moine ? Sais-tu que de nos jours une femme peut être condamnée pour avoir fait des promesses de mariage sans les tenir ? C’est que depuis que la femme a la pilule, il y a des hommes qui ont peur d’être séduits et abandonnés. Eh oui ! Il faut moderniser ta morale, il se pourrait que l’expression “faire irruption dans ta vie” ne veuille plus tout à fait dire ce que tu voulais me dire. Te souviens-tu de la phrase de Cendrars “La treizième c’est encore la première et c’est toujours la seule – ou le seul moment” ? Ceci dit, ton mot-ment, mais qu’importe, cela m’a fait plaisir en rentrant de ne plus trouver ma boite vide. Fais un bon voyage. Je te laisse le soin de me faire signe comme il te conviendra. Bisou. Corinne.

17 • Photos

Poubelle bleue

• Une pochette de laboratoire photographique ayant contenu des tirages 10 x 13 cm.
• 31 photos couleur 10 x 13 cm (non déchirées), prises dans une ville européenne (Amsterdam ?) : des vues de façades, d’immeubles, de canaux, d’écluses et de bateaux. Deux photos, montrant des personnes (probablement des piétons), sont floues ; les autres sont nettes, bien exposées et “bien cadrées”.
• Un polaroïd flou : vue d’ensemble d’une grande ville avec de nombreuses tours (USA ?).
• Une photo couleur 10 x 13 cm, déchirée en deux morceaux : une rue piétonne très mouvementée, prise d’en haut (de la fenêtre d’un immeuble ?) : nombreuses baraques de vendeurs ambulants et personnes portant des vêtements légers et colorés (Amérique Latine ?).
• Huit photos 10 x 13 cm, déchirées en petits morceaux : deux montrent un homme (Pierre L. ?), trois une femme, et trois l’homme et la femme réunis. La femme est brune, cheveux lisses, yeux en amande, la trentaine. L’homme a de petits yeux, de gros sourcils, des cheveux grisonnants et semble 10 à 15 ans plus âgé que la femme. Sur une des photos, une fillette est assise sur les genoux de la femme ; sur une autre, l’homme tient la femme par l’épaule, laissant supposer qu’ils forment un couple. Les photos ont été prises dans une ou plusieurs maisons de campagne, à l’exception d’une, prise lors d’un vernissage. Il y a un écart d’au moins dix ans entre la première et la dernière photo : sur la plus récente, où l’homme se présente seul, on peut s’apercevoir qu’il a perdu beaucoup de cheveux et que ceux qui restent sont devenus blancs. Il porte des lunettes.

Poubelle noire

• Le dos d’un film Polaroïd usagé.
• Une photo couleur 10 x 13 cm, déchirée en huit morceaux : portrait de la même femme brune, avec des cheveux roux et frisés. Elle a grossi et semble plus âgée (45 ans ?).