Lorsque l’on se promène dans les marchés populaires de Salvador, on est frappé par la créativité sans commune mesure employée pour séduire le quidam. C’est un festin de couleurs et de formes, aux antipodes de l’organisation fonctionnaliste des supermarchés et des centres commerciaux, où tous les produits sont calibrés, manufacturés et présentés dans des mobiliers standardisés.
Ici, l’Afrique est omniprésente. Les objets, les instruments et les ingrédients paraissent bien mystérieux. Une même boutique expose pêle-mêle, sur un étal de fortune mais rafistolé avec soin, aussi bien des objets artisanaux que des herbes pour guérir, et l’image de Bob Marley ou du Christ côtoie un ventilateur made in Hong Kong. Tout paraît hétéroclite et la logique de l’organisation peut échapper à un premier regard, mais tout est agencé, classé et mis en valeur dans un mélange subtil de couleurs, tailles et fonctions… Chaque mur est repeint régulièrement avec soin, chaque napperon est là pour mettre en valeur l’accrochage et l’empilement ou la répétition d’un objet devient cinétisme… Il s’agit bien là d’un art de l’organisation, d’une véritable esthétique populaire qui fait irrésistiblement penser à certaines installations d’art contemporain (Joseph Beuys, Christian Boltanski, etc.).
Réalisé en 2000, Popular est le premier volet d’une recherche sur les différentes expressions visuelles de la culture populaire à Salvador de Bahia, le deuxième volet étant Alagados réalisé l’année d’après dans le quartier de même nom.